Les colonies israéliennes : création et expansion

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Depuis la création de l’Etat israélien, l’un des enjeux principaux du projet sioniste est le contrôle de la terre. Il a alors élaboré une stratégie de colonisation des territoires occupés, qui prend aujourd’hui la forme d’une appropriation exponentielle des terres palestiniennes dans les zones C de Cisjordanie.

Quelques chiffres

Aujourd’hui, il existe 146 colonies israéliennes et 144 avant-postes coloniaux en Cisjordanie, dans lesquels résident plus de 500 000 colons israéliens. 240 000 Israéliens résident dans les colonies de Jérusalem-Est. 3 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie et plus de 360 000 à Jérusalem-Est.

En Cisjordanie, ces colonies se situent en zone C, sous contrôle sécuritaire et administratif israélien, qui constitue 60% de la Cisjordanie.

8 800 arbres fruitiers palestiniens ont été détruits par l’armée et les colons en 2023, dont 90% d’oliviers. Depuis 1967, plus de 800 000 oliviers palestiniens ont été détruits. 96% des agriculteurs palestiniens reposent sur la culture de l’olive.

image montrant la définition de la stratégie de colonisation en Palestine et deux images, la première montrant une vue en Palestine et la deuxième un enfant tenant le drapeau palestinien avec son père

Qu’est ce qu’une colonie israélienne ?

Une colonie israélienne est une municipalité israélienne située dans les territoires palestiniens occupés, dans laquelle résident des citoyens israéliens et dont l’accès est interdit aux Palestiniens sauf si un permis leur est délivré.

illustrations montrant trois faits sur les colonies israéliennes

Les colonies israéliennes sont illégales du point de vue du droit international. En effet, elles se situent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui sont des territoires occupés par Israël et sur lesquels elle ne dispose pas d’une pleine souveraineté. La colonisation y est alors interdite selon la Quatrième Convention de Genève : “La Puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d'une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle.”

Les “avants-postes” comme prélude aux colonies reconnues par Israël

Les avant-postes sont des colonies créées à l’initiative de citoyens israéliens sur des terres palestiniennes, illégales du point de vue international mais également israélien. Elles prennent souvent la forme de l’installation de mobile-homes et autres unités mobiles. Il arrive fréquemment qu’elles soient ensuite légalisées par le gouvernement.

photographie d’une ville palestinienne avec un schéma qui montre le fonctionnement de la colonisation israélienne

Une stratégie d’expansion des colonies

L'accaparement des terres palestiniennes et l’installation de colons israéliens

Israël encourage ses citoyens à s’installer dans les colonies avec l’attribution d’aides financières. Les Israéliens y bénéficient également de loyers beaucoup plus avantageux.

Depuis 1967, Israël réquisitionne petit à petit les terres palestiniennes en les déclarant “propriétés abandonnées”, “zones militaires”, “zones de tir”, “territoires de l’Etat”, “réserves naturelles” ou “parc nationaux”. Il est alors interdit d’y résider pour les Palestiniens, voire d’y accéder. La labellisation de telles zones est souvent un prélude à l’installation ou l’expansion de colonies sur ces espaces.

La stratégie du morcellement et du harcèlement

Les lieux d’implantation des colonies n’est pas anodine. Sous Sharon, Premier ministre israélien de 2001 à 2006, la stratégie israélienne de colonisation consistait à placer les nouvelles colonies entre les villages palestiniens, de manière à empêcher la contiguïté des terres palestiniennes. C’est selon cette même stratégie que les nouvelles colonies continuent d’être implantées.

Les villages palestiniens adjacents aux colonies sont fréquemment la cible de harcèlement et de violences de la part des colons israéliens, allant du harcèlement verbal aux agressions physiques en passant par le vandalisme et l’incendie criminel. Ces actes visent à encourager les Palestiniens à quitter leurs terres, et notamment leurs terres agricoles, afin qu’elles puissent servir à l’expansion des colonies alentour. En 2023, 2 127 Palestiniens de Cisjordanie ont été contraints de quitter leurs villages, sans compensation, et 15 ont été tués par des colons.

L’accélération de la colonisation malgré sa condamnation par le droit international

Israël s’était engagé dans les accords d’Oslo signés en 1993 à ne pas construire de nouvelles colonies, mais le processus de colonisation continue de progresser et de s’accélérer. Selon B’tselem, une ONG israélienne, la population des colonies a augmenté de 222% entre 2000 et 2021.

Le processus de colonisation s’est particulièrement accéléré en 2023 et notamment depuis octobre. Selon Peace Now, autre ONG israélienne, les colons ont établi au moins 26 nouveaux avant-postes coloniaux illégaux en 2023, dont au moins 10 à partir d’octobre. 21 communautés palestiniennes ont été déplacées, dont 16 à partir d’octobre. Un nombre record de 12 349 logements ont été construits dans les colonies de Cisjordanie et 15 avant-postes ont été légalisés (du 1er janvier au 6 octobre 2023).

Israël a annoncé prévoir de construire 3 476 logements supplémentaires pour les colons en Cisjordanie, ce qui a été vivement dénoncé par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU.

Malgré l'’interdiction de la colonisation israéliennes dans les territoires occupés par le droit international, Israël poursuit et accélère l’accaparement des terres palestiniennes pour y implanter, y développer et y faire prospérer des colonies israéliennes. Ainsi, le territoire de la Cisjordanie est progressivement morcelé, rendant la vie impossible aux villageois palestiniens qui sont progressivement contraints de partir et entravant la possibilité de l’avènement d’un Etat palestinien. En mars 2024, Israël annonce saisir 800 hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie en faveur de l’expansion coloniale, soit la plus importante saisie de terre palestinienne depuis les accords d’Oslo de 1993, illustrant l’intensification de sa politique coloniale.

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