Les Palestiniens dans les prisons israéliennes : prisonniers ou otages ?

Des milliers de Palestiniens, résistants ou simples civils, sont emprisonnés dans les prisons israéliennes, en toute illégalité au regard du droit international. L’emprisonnement de masse est une stratégie appliquée depuis 1967 pour tenter de décourager la résistance du peuple palestinien à l’occupation.

Quelques chiffres

Les données connues évoluent rapidement. En janvier 2019, 5450 prisonniers étaient détenus dans les prisons israéliennes sans compter les arrestations suivies de détention de courte durée. Parmi les 5450 prisonnier.e.s, sont détenus 215 enfants (43 ont moins de 16 ans) et 53 femmes. Fin janvier 2019, 540 prisonniers purgent des peines de condamnation à vie (501 en septembre 2017) et 499 des peines de plus de 20 ans (466 en septembre 2017). En 2015, le Comité international de la Croix Rouge (CICR) évaluait à 850 000 le nombre de Palestiniens ayant été arrêtés et plus ou moins longtemps détenus par les forces israéliennes depuis 1967. Ce chiffre représente presque un quart de la population de la Palestine occupée. En 2023 (avant le 7 octobre), le nombre de Palestiniens enfermés dans les geôles israéliennes s’élève à 6 700 selon l’ONG israélienne HaMoked.

Le régime de la détention administrative, un régime de détention arbitraire

Le total de 6 700 prisonniers, calculé par HaMoked et qui date du 1er novembre 2023, le plus élevé depuis 12 ans, comprend 2 300 personnes condamnées, 2 300 en attente de procès et 2 000 en détention administrative, nombre record sur les 25 dernières années. Ce régime permet à Israël d’incarcérer des Palestiniens sans que des charges soient formulées contre eux, le dossier d’accusation restant secret. Leur détention est renouvelable tous les trois à six mois, indéfiniment. Par conséquent, leurs droits humains les plus fondamentaux ne sont pas respectés et ils demeurent à la merci des autorités israéliennes.

Quant à ceux qui sont jugés, ils le sont par des tribunaux militaires, au cours de procès rapides, qui se terminent presque toujours par une condamnation.

Crédit photo : Chaïm Goldberg-Flash90

Des traitements inhumains généralisés

Les témoignages des Palestiniens ayant réussi à sortir des prisons israéliennes décrivent des traitements inhumains. Ainsi, les soldats israéliens n’hésitent pas à frapper les prisonniers à coups de botte, avec leur fusil alors qu’ils ont les yeux bandés et sont menottés. Ils envoient aussi du gaz lacrymogène dans les cellules pleines à craquer.

Les conditions de vie ne sont pas meilleures : une heure d’eau par jour, pas de draps, pas d’oreillers, encore moins de quoi faire le ménage dans la cellule. À cela s’ajoutent les humiliations subies par les Palestiniens : insultes, obligation de se dévêtir, privation de sommeil, etc.

Nouvelle vague d’arrestations après le 7 octobre

En Cisjordanie, l'Autorité pour les affaires des prisonniers et ex-prisonniers (gouvernementale) et le Club des prisonniers palestiniens (non gouvernemental) ont fait savoir que “le nombre total d'arrestations après le 7 octobre dernier s'est élevé à plus de 7 422, incluant les personnes que l'occupation (Israël) continue de maintenir en détention, et celles qui ont été libérées par la suite“.

Par ailleurs, de nombreux prisonniers palestiniens arrêtés après le 7 octobre à Gaza puis libérés par Israël sont revenus "traumatisés" dans la bande de Gaza après avoir subi "un calvaire", a déclaré le patron de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés (UNRWA) Philippe Lazzarini. L’Agence en question a déclaré dans un communiqué “Nos employés nous ont rapporté des choses atroces lors de leur détention et de leurs interrogatoires par les autorités israéliennes" comme des "tortures, des mauvais traitements, des abus et de l'exploitation sexuelle".